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Page:Sur la Tombe de Huysmans, Collection des Curiosités Littéraires, 1913.djvu/61

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inapte à aimer, las de tendresses avant même qu’il ne les reçût et si dégoûté après qu’il les avait subies ! Il avait le cœur en friche et rien ne poussait. Puis quelle maladie que celle-là : se souiller d’avance par la réflexion tous les plaisirs, se salir tout idéal dès qu’on l’atteint ! Il ne pouvait plus toucher à rien, sans le gâter. Dans cette misère d’âme, tout, sauf l’art, n’était plus qu’une récréation plus ou moins fastidieuse, qu’une diversion plus ou moins vaine. »

Ainsi se drape lui-même notre auteur, à la page 272.

Une Théologie sublime nous déclare qu’aussitôt après la mort, les âmes se jugent elles-mêmes dans l’essentielle clarté qui les inonde, qu’elles se précipitent spontanément, avec la plus effrayante liberté, dans l’abîme qui leur convient et que c’est ainsi qu’il faut concevoir le redoutable Tribunal de Dieu.

Est-il donc déjà mort, cet infortuné Huysmans, pour nous faire entendre un si funèbre sanglot ?

« Inapte à aimer ! » Inapte, par conséquent, à l’admiration et ne reflétant jamais que sa propre image dans les œuvres d’art qu’il croit contempler.

Ce morose dégustateur de l’insolite et du nonpareil, m’avouait, un jour, que, jamais, dans un