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Pour chercher une tache en son disque vermeil.
Que dis-je ? À leur amour, pour donner un symbole,
Imitant avec art la coutume espagnole,
Ils firent un héros-géant, grand mannequin,
Sorte de trait plaisant lancé sur Charles-Quint
Qui, petit et rusé, très-dévot, mais peu brave,
Par droit d’hérédité tenait la Flandre esclave.
Dès-lors, en souvenir de ce jour glorieux
Ou Gayant triomphant entra victorieux
Dans la riche cité qu’il sauvait des barbares,
Tous les ans, au milieu des cris et des fanfares,
Gayant et Cagenon, femme du chatelain,
Et Jacquot et Fillon, et le petit Binbin,
Sortent pompeusement de leur retraite obscure
Où s’accrut lentement cette progéniture,
Dont Binbin (par le peuple appelé Tiot-Tourni[1]),
Aimé par les enfants, tout comme pain béni,
Binbin, le dernier né, le bourrelet en tête,
Donne un attrait de plus à la joyeuse fête.
Mais au beffroi coquet aux légers clochetons,
La Joyeuse[2] a sonné ; l’on a crié : Partons !

  1. Par une circonstance bizarre, le peintre a fait à cet enfant les yeux louches ; et on le connaît si bien ainsi, que l’on ne le repeindrait pas autrement : de là le nom de Tourni.
  2. Joyeuse, la cloche de fête un beffroi.