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Et le cortége alors s’ébranlant en cadence,
Le tambour en avant, se déploie et s’avance.
Ô la noble famille ! et qu’elle est belle à voir,
Parcourant la cité du matin jusqu’au soir !
Elle passe. À sa suite est la roue-de-Fortune,
Image en action de cette loi commune
Qui veut que, tour-à-tour, paysan, avocat,
Bourgeois et grand seigneur, financier et soldat,
Même la vierge folle, ô Fortune inconstante !
Chacun de tes faveurs ait une part brillante.
Puis, auprès du héros fort de corps et d’esprit,
Par contraste, on a mis un fou qui toujours rit ;
Faible esprit, petit corps sur plus faible monture
Qui va caracolant, sans règle en son allure.
Spectacle saisissant et plein de vérité
De l’homme en sa grandeur et sa fragilité !
Cette marche grotesque et sa gaîté bruyante,
Ont trouvé des censeurs qui d’une main puissante,
Osèrent renverser l’image du géant
Qui, vivant, les aurait plongés dans le néant.
Mais, toujours relevé par l’amour populaire,
Il reparut plus grand et de mine plus fière ;
Car sa fête, si chère à tous les Douaisiens,
De l’amitié souvent raffermit les liens.