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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/179

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l’homme à partager la ruine du sol qu’il a dévasté. Il serait superflu d’ajouter d’autres réflexions.

Tous ces faits ont été dernièrement retracés par M. le préfet actuel des Hautes-Alpes, dans un mémoire qui traitait spécialement de cette malheureuse vallée. — « L’histoire du Dévoluy, dit en terminant M. Mourgue, sera celle des Hautes-Alpes avant cinq siècles, si l’indifférence du légistateur persévère, si l’incurie de l’administration continue, et si rien n’arrête la cupidité des communes. »

— On peut rapprocher ces paroles de celles de l’ancien préfet des Basses-Alpes, M. Dugied, dans son mémoire déjà cité si souvent : — « Telles sont les causes de la triste situation du département. On peut avancer avec certitude que si l’on ne se hâte d’y porter remède, bientôt sa population ira en diminuant dans la partie haute, et cela avec une rapidité qui ne s’expliquera que par ce qui précède.

» Je ne sais si je m’abuse, mais je crois qu’on peut réparer le mal ; je crois surtout qu’il est temps de s’en occuper. Encore un quart de siècle, et peut-être sera-t-il trop tard, parce que les meilleures terres qui existent sur les montagnes sillonnées par les orages seraient emportées. »

M. Dugied signale aussi l’insuffisance de nos lois, qui placent l’administrateur sans armes et sans défense en face d’un péril imminent.

En effet, le mal réclame des mesures réglementaires ou législatives, sans lesquelles il est impossible de le combattre. L’objet du mémoire de M. Mourgue était de faire ressortir cette nécessité. Les lois qui règlent l’exploitation des forêts sont inspirées par un esprit d’utilité publique qui abaisse les droits de la propriété au-dessous des intérêts généraux de la société. Par le même motif, il aurait fallu une loi qui réglât les défrichements et les dépaissances. Leur influence sur l’état du pays n’est ni moins générale, ni moins nuisible que l’influence des déboisements. Malheureusement elle ne paraît avoir été reconnue que plus tard. Malheureusement encore, elle n’a pu être appréciée au dehors de l’enceinte de ces montagnes cette raison seule peut expliquer le silence de la loi sur un objet aussi important. Nous allons poursuivre la question sur ce nouveau terrain[1].

  1. Au moment où j’achève la correction des épreuves de cette quatrième partie, je reçois communication d’un Mémoire sur la dégradation des forêts dans les arrondissements