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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/205

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Les travaux de reboisement n’excluent pas les digues. — Pendant que les affouillements diminueront dans la montagne, il faudra combattre le torrent dans les vallées, le maintenir dans un lit stable, et lui arracher les vastes grèves, au milieu desquelles il divague. Comme on n’aura plus à redouter, ni des exhaussements continuels du lit, ni des crues formidables, le succès des digues sera devenu assuré ; elles n’auront même plus besoin d’être aussi hautes, ni aussi solides que celles qu’on élève aujourd’hui ; par conséquent leur construction sera moins dispendieuse, comme aussi leur entretien. — Peut-être, dans un grand nombre de cas, un simple curage suffira-t-il pour renfermer le torrent dans un lit invariable ; alors peut-être aussi le système économique de M. Delbergue Cormont deviendra-t-il applicable.

Enfin, les torrents une fois encaissés d’une manière ou de l’autre, il restera à acquérir à la culture les grèves désormais assurées contre l’envahissement des eaux. — Là, trois partis se présentent :

Premièrement, on peut, à l’aide de martellières pratiquées dans les digues, répandre les eaux sur la superficie des graviers, et les forcer d’y déposer leur limon. On crée de cette manière une couche superficielle de terre fertile.

Secondement, on peut effondrer immédiatement le terrain, extraire à la main les cailloux, en raclant le limon qui les enchâsse, et former, par cette séparation, des champs cultivables environnés de clapiers.

Enfin, on peut tirer parti des grèves en les laissant telles qu’elles sont : pour cela il suffit d’y faire des plantations. L’expérience a démontré que les peupliers et les pins viennent très-bien sur les lits de déjection[1]. Le sainfoin même y croit souvent sans difficulté.

De ces trois méthodes, chacune est pratiquée dans le pays ; chacune a des exemples de réussite, qui militent en sa faveur. Il est probable que chacune des trois à ses avantages et ses inconvénients, et qu’il est sage de n’en adopter et de n’en rejeter aucun exclusivement,

  1. Cela est prouvé par les plantations de peupliers sur le torrent de Vachères, — par les bois de pins qui couvrent une partie des lits des torrents de Bramafan, de Boscodon, de Crevoulx, de Combe-Raynaud, etc.