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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/204

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et surtout, à bien discerner celles dont les effets sont les plus nuisibles c’est là ce qui doit résulter d’une bonne étude des lieux, faite avant l’ouverture des travaux.

Tel que je l’ai décrit, le système d’extinction semble devoir produire beaucoup de difficultés, beaucoup de dépenses, et une sorte de bouleversement général dans tout le pays ; mais on se tromperait fort si l’on croyait qu’il fût nécessaire de l’appliquer à chaque torrent dans tous ses détails et dans toute sa rigueur, ce qui serait vraiment une entreprise colossale. Je n’ai décrit que l’esprit général d’une méthode qui doit se modifier dans les applications. Chaque cas particulier présentera des simplifications, et l’application générale ne se présentera peut-être jamais.

Je ramènerai surtout l’attention vers ces trois circonstances si heureuses, que j’ai déjà signalées, mais que je ne puis m’empêcher de retracer encore une fois, avant de quitter ce sujet :

1o Que les plantations se faisant aux alentours d’un torrent, le voisinage de l’eau vous met, pour ainsi dire, dans la main le moyen le plus assuré de les faire réussir ;

2o Que les plantations ne seront vraiment difficiles que là où leur résultat serait à peu près nul, et qu’elles deviennent aisées dès qu’elles deviennent utiles ;

3o Enfin, que les régions hautes, qu’il faut surtout attaquer, ne présenteront pas de collisions avec les propriétaires : par conséquent, que l’exécution du système sera la plus commode dans la partie où précisément ses effets seront les plus infaillibles et les plus puissants.

En résumé, soit qu’il s’agisse de prévenir la formation des torrents, soit qu’il s’agisse de les éteindre, toute l’opération se bornera à des travaux de reboisement, avec un peu plus de difficulté dans le second cas, et un peu moins dans le premier. Leur résultat sera en définitive de créer des forêts, et toute l’exécution peut être concentrée dans la formule suivante : Reboiser les parties élevées des montagnes.

S’il est vrai que les forêts exercent une action climatérique, l’effet de cette masse de bois nouveaux sera de rendre les averses moins épaisses, les orages plus rares, et, en général, l’atmosphère plus humide et plus pluvieuse. Insensiblement le climat sera donc transformé, en même temps que la surface du sol ; par là, les deux causes qui forment les torrents seront détruites à la fois, et l’on aura créé un résultat général, en ne cherchant d’abord que des résultats particuliers.