rances qu’on aurait fondées sur l’encaissement des parties inférieures.
On a vu que certains torrents se déchargeaient dans des vallées sèches ou dans des ruisseaux trop faibles pour emporter leurs alluvions. Il est clair alors que ceux-ci s’accumulant toujours, il ne peut plus y avoir de limite à l’exhaussement.
La place où se pratique l’encaissement peut donner, sur différents points d’un même lit, des résultats varias. Il réussira généralement mieux à l’extrémité du lit, près du confluent, qu’à la sortie même de la gorge[1]. Cela vient de ce que la pente-limite commence à s’établir près de l’embouchure du torrent, où la rivière maintient un repère stable, et qu’elle remonte de là peu à peu vers la gorge. Il peut se faire que l’exhaussement ait cessé complètement dans la première partie, tandis qu’il continue encore de se manifester au débouché de la montagne.
Enfin, il arrive quelquefois que plusieurs de ces motifs se réunissent dans le même torrent pour provoquer des exhaussements, sur les mêmes pentes où d’autres torrents, semblables en apparence, n’exhaussent plus. Par exemple, le torrent de Sainte-Marthe dépose le long d’une digue sur une pente de 0,065 : le torrent de Boscodon, avec la même pente, affouille au pied d’une autre digue. Les galets et les blocs amenés par tous les deux, sont à peu près du même volume. À quoi tient cette différence ?
1o Les blocs, dans le torrent de Sainte-Marthe, sont enchâssés dans une boue épaisse : dans celui de Boscodon, il y a peu ou point de boue ;
2o Le cours du premier est sinueux : celui du second est rectiligne ;
3o Dans le premier, les matières tombent brusquement dans le lit de déjection : dans le second, elles y sont amenées à travers un canal d’écoulement prolongé.
Prenons encore le torrent des Moulettes à Chorges, qui exhausse sur des pentes de 0,07 à 0,08 : cela tient aux causes suivantes :
1o Il amène des laves ;
2o Il se décharge dans une vallée sèche ;
3o Il charrie beaucoup de matières, avec une petite proportion d’eau ;
4o Les matières arrivent brusquement, le canal d’écoulement étant très-court.
- ↑ C’est ainsi que le torrent de Labéoux a été encaissé avec succès près de son confluent, entre deux digues longitudinales, l’une de 800, l’autre de 200 mètres.