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PASSAGE DE LA KERKHA. (Voyez p. 178.)


XI

Daniel et ses tombeaux. — Le pèlerinage. — L’été susien. — Construction d’une maison. — Clôture des travaux. — Départ. — Le hor. — Douaniers et magistrats. — Bassorah.


20 avril. — Sous le khalifat d’Omar, et la dix-huitième année de l’hégire, Abou Moussa el Achari s’empara de Suse. En fouillant le palais du prince vaincu, ses soldats rencontrèrent une porte faite d’une seule pierre. L’obstacle fut brisé : l’ouverture donnait accès dans une chambre sépulcrale. Au centre gisait un sarcophage colossal contenant un géant long de quarante mètres, large de dix à la hauteur des épaules, soigneusement enseveli dans un linceul de brocart. Ce corps était celui d’un Chaldéen nommé Daniel, en si bonnes relations avec le ciel, que la pluie tombait à sa prière. Du vivant de Daniel, apprit Abou Moussa, une grande sécheresse désola l’Arabistan. Les affamés sollicitèrent la visite du saint homme, mais ses compatriotes se refusèrent d’abord à le laisser partir. Les Susiens, arrivés au dernier degré de la misère, envoyèrent alors une députation de cinquante squelettes notables vers leurs heureux voisins : Grâce ! pitié ! tous nos frères vont périr si vous n’autorisez Daniel à porter chez eux ses bienfaisantes prières. Nous resterons en otage jusqu’à son retour ! »

Les Chaldéens se laissèrent toucher par tant de maigreur. À peine le saint eut-il mis le pied dans l’Arabistan, qu’une pluie miraculeuse rendait à la terre sa verte parure. Plus pratiques que délicats, les Susiens sacrifièrent leurs cinquante otages au désir de mettre les nuages dans leurs intérêts, gardèrent Daniel vivant, puis le conservèrent mort.