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À SUSE.

sémitiques. Notre monument représenterait un de ces édifices religieux, une simple église de faubourg.

Le projet d’attaquer plusieurs surélévations artificielles avait été abandonné après l’étude de l’une d’elles, affouillée depuis des siècles par le Chaour. Sur la coupe verticale, aussi nette que si elle était l’œuvre de Durandal, on apercevait le sol d’une cour, des murs éboulés, mais nulle trace d’habitation élégante. Chacun des monticules de la plaine correspondrait à des constructions en pisé qu’il nous est interdit de déblayer, étant données notre détresse financière et la brièveté de notre séjour. Pourtant l’événement a prouvé qu’il eût été regrettable de n’en interroger aucun.

14 janvier. — M. Babin dresse un plan, fidèle image du terrain ; M. Houssay étudie une araignée géante et des serpents omnicolores trouvés dans les déblais ; Jean-Marie entreprend deux charrettes nouveau modèle, Dieulafoy invenit. Roues, essieux, bâti, sont de bois. Des harnais miraculeux dus à la collaboration des membres de la mission et des cordonniers de Dizfoul serviront à traîner ces carrosses magiques. Avec du coton on fabriquera des cordes, avec des cordes des traits ; dans le cuir réservé aux semelles de bottes on taillera des bricoles. Crochets, anneaux, chaînons, seront, tant bien que mal, forgés à Dizfoul.

Le harnachement de douze bêtes doit être livré dans les premiers jours de février. Quelle saignée à la bourse de la mission !

Aussi bien, Mirza Taguy, doublure du célèbre Abdoul-Kaïm, qui venait prier Marcel de payer ses dettes, n’a-t-il pas été accueilli avec les égards dus à l’élève favori de notre ancien tortionnaire.

Il faut songer aux fouilles avant de penser aux créanciers de ce cher ami !

La frise des archers s’allonge. Les lacunes se garnissent : la poitrine, qui s’était dérobée à toutes les recherches, est enfin apparue ; nous désespérions de rencontrer une figure — le visage est toujours la cible préférée des destructeurs. — Depuis hier elle est représentée par une brique émaillée donnant la paupière inférieure d’un œil dessiné de face, le nez, la joue et une chevelure verte soigneusement calamistrée.

Des émaux de même couleur et de même style que les précédents reproduisent des archers venant au-devant de leurs frères. Tous les détails du costume nous sont ainsi connus : jusqu’à la ceinture serrant la chemise, et que dissimulait le carquois passant sur la hanche gauche.

Sur une même brique apparaît la main d’un Immortel, séparée d’un caractère cunéiforme blanc par une large raie jaune.

Ainsi qu’à Persépolis, les guerriers montaient la garde devant une large inscription relatant la généalogie royale et la dédicace du palais placé sous la protection d’Aouramazda, le plus grand des Dieux.