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Page:Susejournaldes00dieu.djvu/325

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TEMPLE ACHÉMÉNIDE.

Aujourd’hui d’autres pensées nous assiègent ; Marcel court du tumulus achéménide aux fortifications, des fortifications aux fouilles du petit monument que nous reconnûmes le 1er janvier dans la plaine. Vingt Loris déblayent un édicule dont il est difficile de préciser la destination.

Les ouvriers dégagèrent d’abord une quatrième base de colonne. Marcel, se départant de sa réserve première, traça une tranchée qui amena la découverte de larges degrés. Au bas de ces marches se présentait un dallage ; au centre de ce dallage une cour carrée, au milieu de la cour des gradins.

L’édifice était porté sur un soubassement haut de deux mètres. La rampe d’accès aboutissait à un porche qui rappelait ceux des petits palais persépolitains. On doit exclure l’hypothèse d’une salle hypostyle : les bases retrouvées appartiennent à un ordre toujours employé au dehors.

Derrière le porche, une salle rectangulaire, une tribune à deux colonnes, les degrés intérieurs et une cour encadrée par un promenoir dallé. Les élargissements de ce promenoir correspondaient à des seuils de porte, et deux petits escaliers à des vestibules symétriques qui s’ouvrent sous le porche extérieur. Des massifs de cailloux placés à droite et à gauche des degrés supportaient sans doute des stèles ou des statues ; les gradins situés au centre de la cour, un autel semblable aux atechgâs représentés sur les bas-reliefs de Persépolis ; les minces couches de gravier signalées sur la face postérieure de la cour, des objets d’un faible poids, tels que sièges ou bassins à ablutions.

La construction était trop pauvre pour un palais. D’autre part, l’aspect du monument, son porche hypostyle, son soubassement élevé, sa rampe d’accès, sa forme typique indiquent qu’il ne s’agit pas non plus d’une demeure particulière. Dans quelle catégorie ranger notre petit édifice ? Il est impossible de méconnaître le plan, les caractères essentiels des temples gréco-asiatiques et des zigourats babyloniens. On devrait peut-être considérer cette œuvre comme un composé des édifices religieux de la Hellade et de la Chaldée, mélange aussi complexe que la nature des dieux qui y étaient adorés.

Strabon aurait parlé avec raison des temples de la Perse. Est-ce à dire qu’Hérodote eut tort de nier leur existence ? Au moment où écrivait l’historien des guerres médiques, le mazdéisme ne donnait pas asile à des dieux adorés dans des enceintes couvertes, tandis que plus tard l’atechgâ lui-même fut caché aux regards des profanes. Le porche intérieur remplacerait le takht ou trône sur lequel se tient le roi dans les bas-reliefs de Persépolis.

En ce cas les petits tumulus de la plaine seraient les derniers débris de temples construits, les uns dans la période élamite, les autres à l’époque d’Artaxerxès Mnémon et des princes achéménides qui favorisèrent l’introduction des cultes