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À SUSE.

cimetière, de Malla, ville de quinze mille habitants, qui s’étendait au pied de la montagne.

Il y a quelques années, une épidémie de choléra se déclara dans la presqu’île ; bientôt elle gagna Malla et sévit si violemment, que la population noire fut décimée. Avec l’insouciance caractéristique des musulmans, les corps étaient portés au cimetière voisin, couverts d’une mince couche de poussière et bientôt déterrés par les chiens ou les vautours. L’autorité anglaise s’émut, défendit d’inhumer les morts auprès des vivants et désigna un emplacement écarté où les cadavres devaient être enfouis avec

[Image à insérer] BUNGALOW EN CONSTRUCTION.

certaines précautions. Le lendemain une émeute éclatait sur le territoire d’Aden. Quinze mille musulmans, s’exaspérant à la voix des plus fanatiques d’entre eux, refusaient d’obéir aux infidèles et menaçaient de saccager Steamer-Point si on les empêchait de suivre les rites funéraires de l’Islam. Le gouverneur dut céder ; mais, dès que l’épidémie eut pris fin, il invita les habitants de Malla, qui logeaient dans des bungalows de paille et de roseaux, à porter leurs pénates de l’autre côté de la baie, non loin du village de Cheikh Otman.

Une année expirée, on livra aux flammes l’ancien village. Les maisons de maçonnerie furent épargnées, sous la réserve que leurs propriétaires ne les répareraient jamais.

Depuis cette époque, le gouverneur ne dissimule pas son projet de purger la presqu’île de Somalis et d’Arabes, engeance fanatique, insoumise le jour où elle l’oserait, onéreuse à nourrir, et surtout à abreuver, si par extraordinaire Aden était jamais bloqué.

Au delà de Malla la voiture escalade la montagne ; le panorama de la baie