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LE TOMBEAU DE DANIEL. (Voyez p. 83.)


VI

Apparition de la forteresse de Suse. — Une nuit au tombeau de Daniel. — Installation du camp. — Difficulté de se procurer des ouvriers. — Ousta Hassan et son compère Dor Ali. — Déblayement des bases de colonnes.


26 février. — Nous avons quitté la France depuis soixante et onze jours. Si l’on excepte la station d’Aden, une semaine passée à Bouchyr, de courts arrêts à Chouster et à Dizfoul, nous n’avons cessé de rouler, de naviguer ou de chevaucher.

Comme d’habitude, le départ de Dizfoul s’est effectué à une heure déjà tardive. De gros nuages alourdissaient l’horizon. Autour de la ville se présentent des jardins, de grands champs de blé, des terres prêtes à recevoir de l’indigo et des pastèques ; puis, à mesure qu’on s’éloigne, les cultures deviennent plus rares, les prairies naturelles et des tamaris verdissent seuls la plaine. Il pleut. Les gouttes s’abattent larges et lourdes, tandis que nous atteignons un bras de l’Ab-Dizfoul. Malgré l’orage et la nuit qui nous gagnent, il faut pourtant le franchir à gué. À peine la caravane a-t-elle gravi la rive droite, que Mçaoud, toujours enclin à s’égarer derrière les buissons pour fumer le tabac… de nos jeunes camarades, accourt les bras au ciel, les jambes flageolantes, la face blême d’effroi : « Msieu ! Msieu ! … Le voilà ! le voilà, il est là ! Donne-moi des balles ! Je l’ai vu, il est là !

— De qui parles-tu ?

— C’est lui, le voilà ! tiens, il court !

— Es-tu fou ? Qui il ?

— Le voilà, ji ti dis. » Et, se haussant jusqu’à l’oreille de mon mari, il lui