sique de l’étonnement. Je me mets à rire et lui explique le mystère, qui je suis et comment je l’ai retrouvée. Elle aussi me connaissait par les conversations de ses parents ! C’est curieux, tout de même, cette petite province de la cité Montparnasse où l’on parlait toujours des mêmes gens après dix ou quinze ans… Mais les Rousset, hélas, ont disparu tous les deux…
« Et votre oncle Pierre ? demeure-t-il toujours avec vous ?
— Non ; mon oncle s’est mis en pension chez un vieux logeur de la rue Lepic ; un ancien marinier, en costume breton ou peu s’en faut, qu’il croit être un digne et honnête mathurin, et qui m’a l’air d’un roublard propre à exploiter les naïfs comme mon oncle. Vous devez savoir qu’il a toujours été un peu bizarre.
— Oui, ça je sais. Est-ce qu’il fait toujours des itinéraires de voyages ?
— Je crois bien ! Figurez-vous que, le printemps dernier, je vais le voir ; je le trouve dans un fouillis indescriptible ; et il m’explique triomphalement qu’il va s’embarquer à Marseille sur un navire marchand dont son logeur connaissait le capitaine. « Alors, tu vois, on contourne la Sicile en faisant escale à Taormina ; puis la Grèce… et on débarque à Jaffa… Je me balade à pied une dizaine de jours en Palestine… »