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Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/132

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Je l’interromps : « Mais, mon oncle, est-ce que tu sais que la Turquie est en guerre avec nous ? et que la Palestine, précisément, est un peu agitée en ce moment ? » Il me regarde d’un air égaré : « Ah ! oui… la guerre… Eh bien, ça ne fait rien ; je ne suis pas d’âge à être militaire… Le père Legall connaît, rue d’Aboukir, un Turc très bien qui me fera avoir un passeport… »

— Je vois la scène d’ici ! il me l’a faite à propos d’un voyage fluvial en Belgique… Mais, au bout de tout cela, est-ce qu’il a jamais quitté Paris ?

— Oui ; il allait autrefois à Barbizon avec mes parents… Pauvre oncle Pierre ! notez que ce serait peut-être très ingénieux et très pratique, ses combinaisons de voyages « épatants, pour rien du tout » !… Je le vois de temps en temps, à cette cantine qui a lieu quatre fois par semaine… Vous savez que c’est ce peintre, le grand barbu, qui en a pris l’entreprise chez lui pour venir en aide à ses camarades éprouvés par la guerre ; et c’est une économie sérieuse, car les achats de vivres, le chauffage, l’éclairage, la femme de ménage, tout cela est en commun… Nous l’aidons à tour de rôle les uns et les autres. Entre artistes, il faut se soutenir.

— C’est vrai ; il paraît que vous faites de l’art