Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/147

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Sur le trottoir de la rue alpestre, au sommet de laquelle je parviens assez essoufflée, je m’arrête, perplexe, en face du numéro 35. C’est une maison isolée au milieu d’un jardinet ; elle est flanquée d’une tourelle vétuste et surmontée d’un belvédère. Contre la porte d’entrée, sont collées des affiches violentes, représentant des cabotins vêtus en apaches et en pierreuses, aussi classiques que des villageois de ballet ; au-dessus, s’arrondit un semblant de marquise portant ces lettres de fer qui doivent s’illuminer la nuit : « La Boîte au Père François ». Alors, quoi ? c’est un café-concert ? un théâtre ?… Cardoc s’est donc trompé de numéro, l’autre jour ? Comme la porte est entrebâillée, j’entre dans un bout de vestibule obscur que balaye un voyou en chandail, la casquette de travers sur ses cheveux gras.

« Est-ce que ce n’est pas par ici que demeure M. Cardoc ?

— Si, Madame, c’est bien ici. Sortez dehors, et puis faites le tour dans le jardin, et ouvrez la petite porte que vous verrez à droite ; elle n’est presque