Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/16

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cet immense et bruyant Paris. De chaque côté d’une allée à gros pavés calfeutrés d’herbe, s’alignent des maisonnettes ayant chacune son enclos de verdure, où parfois du linge s’étale hardiment sur des cordes. Quelques moulages d’après l’antique sont suspendus à des poulaillers, ou des cabanes à lapins. Au fond de la cité se dresse un étonnant monument ; c’est une église de Hongrie en bois peint, que son propriétaire, un architecte, vient d’acheter à bas prix lors de la démolition de la dernière exposition. Il l’a mise en place lui-même, aidé de sa femme, une petite Parisienne à museau de souris que, depuis, je n’ai jamais vue qu’en peignoir japonais et en bigoudis. Chaque fois qu’il y a du vent, des tuiles dégringolent du toit ; une fois, paraît-il, un des piliers du petit escalier extérieur s’est mis à fléchir sous la pesée insolite du charbonnier qui montait ses sacs. Alors, on voit l’architecte, en bras de chemise, grimper à une échelle dont sa femme tient un des montants ; et taper, clouter, rapetasser en jurant d’une voix éclatante, devant la galerie vite assemblée des enfants du voisinage et du concierge, qui donne des conseils. Le pavillon de mon hôtesse, Mme Bol, de style premier Empire, avec une frise d’acanthe en stuc et une grille surmontée de deux vases où trem-