Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/32

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chien s’étire et bâille. La petite fille va chercher des allumettes pour allumer la lampe.

« Vous venez de Norvège, Mademoiselle ? Est-ce du côté de Tromsoë que vous habitez ? »

C’est le frère, sorti de son trou noir sans que personne ait songé à me le présenter, qui parle d’une étrange petite voix de tête, douce et embrouillée de timidité. Il est d’un âge indécis ; trente-cinq à cinquante ans. Il est maigre, avec une barbe rare, d’un blond légèrement salé de blanc, les yeux clignotants à la lumière ; des yeux d’animal, suppliants et modestes.

« Non, Monsieur ; je suis de Christiania.

— Ah ! oui, Christiania… le fjord est joli, n’est-ce pas ; c’est tout déchiqueté, tout plein d’îlots… Mais le pays n’est pas si beau que du côté de Bergen ou Tromsoë ; vous avez là les rochers des Syve Söstrene…

— Vous connaissez mon pays, Monsieur ?

— Oh ! oui, je connais tout ça… Il y a une église curieuse, n’est-ce pas, à Christiania : la Gammlerskirke ; elle remonte aux premiers Northmanns…

— En quelle saison y êtes-vous allé ?

— Je n’y suis pas positivement allé ; c’était un projet comme ça… »

Rousset se met à rire derrière sa terrifiante barbe de Croquemitaine.