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hélène swarth.

XLIX.

FIÈVRE.


Les clairons de la fièvre ont sonné le rappel.
Voici le défilé des bonheurs et des peines.
Mes bonheurs ont aux mains des fruits atteints de gel,
Mes peines en pleurant chantent leurs cantilènes.

Les sifflets de la fièvre ont déchiré mon cœur.
Voici le train de nuit qui fume et qui s’ébroue.
J’ai couru, mais en vain, le train part — Ma ferveur
S’exhale en désespoir, à chaque tour de roue.

Les cloches de la fièvre ont sonné le départ
Vers les pays rêvés des Iles bienheureuses.
J’ai couru vers le port, mais j’arrive trop tard —
Le navire a bondi sur les vagues joueuses.

Les grelots de la fièvre ont tinté dans mon cœur.
— « Drapée en ton orgueil, redresse-toi plus fière ! »
Mes pleurs ne coulent plus, mon sourire est moqueur,
Mais mes yeux sont brûlé» et ma bouche est amère.