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hélène swarth.

X.

TES YEUX VERTS.


Je vois tes grands yeux verts de turquoise malade,
Je vois ta bouche amère et ton sourire triste,
Faible ami qui m’aimas d’un amour égoïste,
Alors que j’espérais un amour de ballade.

Oh ! viens-tu de mourir et vois-je ton fantôme ?
Oh ! tes yeux désolés et ta gaîté qui grince !
Je n’aimais pas tes yeux, je rêvais du beau prince
Qui rendrait l’exilée à son lointain royaume.

Tes yeux me faisaient peur et pourtant, courageuse,
Pour consoler tes yeux je promettais ma vie,
Mais mon cœur sanglotait, car j’avais trop d’envie
D’être enfin consolée à mon tour et joyeuse.

Mais tu martyrisas, pour, cruel, en extraire
Les larmes et le sang coulant de la blessure,
Mon cœur doux et clément, comme un fruit qu’on pressure,
Pour ton lourd désespoir que tu voulais distraire.