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hélène swarth.

LVIII.

DERNIER JOUR D’AUTOMNE.


L’odeur vive du gel se mêle aux parfums lourds
Des feuillages plus beaux que des floraisons blondes,
Aux relents du vivier tapissé de velours,
Aux fraîcheurs des lointains dans les sentes profondes.

Aux senteurs des forêts, de l’eau glauque et du gel
Se mêle, acidulée, une âcre odeur de pommes.
Et ce bouquet m’émeut d’un émoi sensuel,
Où l’amour et la mort se mêlent, loin des hommes.

Oh ! l’odeur des fruits mûrs, symboles de l’amour,
La senteur du feuillage enivré d’agonie
Et l’arôme du gel, cette haleine du jour
Où sera la souffrance à jamais abolie !

Oh ! mourir comme l’or du feuillage automnal,
Pleuvant sur l’étang glauque et le velours des mousses !
Si tu voulais, la mort ne me ferait pas mal.
Oh ! mes derniers baisers bus par tes lèvres douces !