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Page:Swarth - Octobre en fleur, 1919.djvu/211

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rêves d’automne.

LIX.

ATTENTE.


Mon âme a pris ce pli d’écouter, attentive,
Le pas du bien-aimé résonner sur la route.
Toute sa vie est là, comme une enfant captive,
L’oreille au guet, un doigt sur la bouche, elle écoute.

L’appel du rossignol, l’arôme de la rose,
Le murmure amoureux de l’automnale brise,
Plus rien ne la distrait. Recueillie en sa pose,
Elle attend que l’Aimé l’extasie ou la brise.

L’Aimé ne sent-il pas la caresse lointaine
Des effluves d’amour que mon âme lui verse ?
Ou, dédaignant déjà la victoire certaine,
Ne veut-il pas l’amour dont mon âme le berce ?

Son orgueil sourit-il d’un triomphant sourire,
Parce qu’il a dompté la rebelle farouche,
Aux barreaux de la geôle accoudant, sans rien dire,
Ses bras las de l’attente et le doigt sur la bouche ?