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hélène swarth.

LX.

FLEUR DE POURPRE.


L’ardent soleil me brûle et le vent froid me glace.
Je rêve à ta voix chère et j’ai peur de tes yeux
Irritée, attendrie à la fois, lente et lasse,
Je t’apporte mon cœur malade et lourd d’aveux.

Mais ta voix me ravive et ton regard me glace,
Je crains le froid mortel d’un sourire moqueur
Et je rêve pourtant que ton amour m’enlace.
Oh ! ne dédaigne pas l’offrande de mon cœur.

Oh ! prends mon cœur meurtri qu’en tremblant je t’apporte,
Sois clément comme un dieu, l’encens d’un cœur est doux.
Laisse ton cœur ouvert pour qu’en poussant la porte,
J’entre comme en un temple où je tombe à genoux.

Comme une fleur de pourpre aux pieds de la Madone,
Je poserai mon cœur tout sanglant sur l’autel.
Tu prendras, comme un dieu, l’offrande que je donne
Et pour guérir mon cœur tu l’empliras de ciel.