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hélène swarth.

XCIV.

VERTIGE.


Je me suis penchée avec toi
Vers les profondeurs des abîmes.
Et le vertige de l’effroi,
Soulevant mes cheveux, comme le vent des cimes
Qui dans les pins altiers souffle des mots sublimes,
Ô cher ! s’est emparé de moi.
Et tu n’as pas compris les affres de mon âme,
Tu ne m’as pas tendu la main.
Tu n’as vu dans mes yeux que lâcheté de femme,
Implorant un amour humain.
Et moi, pâle, éperdue et chancelant d’angoisse,
Je n’osais pas saisir ta main. —
Oh ! pourquoi n’as-tu pas, comme une fleur qu’on froisse,
Pris ma main sur ton cœur, en un doux geste humain ?