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hélène swarth.

IX.

NUIT D’ÉTÉ.


Je veux livrer ma lèvre aux longs baisers des brises,
Je veux boire à longs traits l’arôme des forêts.
La lune baisera mes prunelles éprises,
La nuit me versera des breuvages secrets.

Je coucherai mon cœur trop brûlant sur la terre,
La terre maternelle où j’irai m’endormir.
Dans le sable encor chaud, la mousse et la bruyère,
Peut-être que mon cœur cessera de gémir.

Mais l’âme des forêts en vain baise mon âme,
L’âme de la bruyère en vain s’exhale en moi.
Seule en la nuit d’azur, je me sens faible et femme,
L’inexorable amour me fait trembler d’émoi.