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hélène swarth.

XXXIII.

CRÉPUSCULE DE NOVEMBRE.


Voici le Crépuscule aux mains pleines de cendre,
Au doux visage pâle, aux longs cheveux légers.
Il m’effleure les yeux de son voile gris-tendre.
Voici le Crépuscule, ami des affligés.

Il verse dans mon cœur la cendre tiède encore
De ses deux mains en coupe, en me baisant les yeux.
Il murmure le nom que malgré moi j’adore.
Voici le Crépuscule, ami des malheureux.

Sur la vitre emperlée où sanglote la pluie
Sa moite haleine épanche une pâleur de lait.
Les lèvres sur mes yeux que nul baiser n’essuie,
Il refoule en mon cœur un long pleur qui coulait.

Il emplit de mystère et de langueur la chambre,
De souvenirs d’amour et de parfums légers.
Voici le Crépuscule aux yeux gris-de-Novembre,
Voici le Crépuscule, ami des affligés.