Page:Swift - Gulliver, traduction Desfontaines, 1832.djvu/146

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douze de haut, avec des fenêtres, une porte, et deux cabinets.

Un ouvrier excellent, qui était célèbre pour les petits bijoux curieux, entreprit de me faire deux chaises d’une matière semblable à l’ivoire, et deux tables avec une armoire pour mettre mes hardes : ensuite, la reine fit chercher chez les marchands les étoffes de soie les plus fines pour me faire des habits.

Cette princesse goûtait si fort mon entretien, qu’elle ne pouvait dîner sans moi. J’avais une table placée sur celle où sa majesté mangeait, avec une chaise sur laquelle je me pouvais asseoir. Glumdalclitch était debout sur un tabouret, près de la table, pour pouvoir prendre soin de moi.

Un jour, le prince, en dînant, prit plaisir à s’entretenir avec moi, me faisant des questions touchant les mœurs, la religion, les lois, le gouvernement et la littérature de l’Europe, et je lui en rendis compte le mieux que je pus. Son esprit était si pénétrant, et son jugement si solide, qu’il fit des réflexions et des observations très-sages sur tout ce que je lui dis. Lui ayant parlé de deux partis qui divisent l’Angleterre, il me demanda si j’étais un whig ou un tory ; puis, se tournant vers son premier ministre, qui se tenait derrière lui, ayant à la main un