Page:Swift - Gulliver, traduction Desfontaines, 1832.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

manière qu’elle était capable de faire sauter en l’air des montagnes, avec un bruit et un fracas plus grand que celui du tonnerre ; qu’une quantité de cette poudre étant mise dans un tube de bronze ou de fer, selon sa grosseur, poussait une balle de plomb ou un boulet de fer avec une si grande violence et tant de vitesse, que rien n’était capable de soutenir sa force ; que les boulets, ainsi poussés et chassés d’un tube de fonte par l’inflammation de cette petite poudre, rompaient, renversaient, culbutaient les bataillons et les escadrons, abattaient les plus fortes murailles, faisaient sauter les plus grosses tours, coulaient à fond les plus gros vaisseaux ; que cette poudre, mise dans un globe de fer lancé avec une machine, brûlait et écrasait les maisons, et jetait de tous côtés des éclats qui foudroyaient tout ce qui se rencontrait ; que je savais la composition de cette poudre merveilleuse, où il n’entrait que des choses communes et à bon marché, et que je pourrais apprendre le même secret à ses sujets si sa majesté le voulait ; que, par le moyen de cette poudre, sa majesté briserait les murailles de la plus forte ville de son royaume, si elle se soulevait jamais et osait lui résister ; que je lui offrais ce petit présent comme un léger tribut de ma reconnaissance.