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chers que le roi redoute, et le peuple le sait bien. Aussi, quand sa majesté est le plus en courroux, il fait toujours descendre son île très-doucement, de peur, dit-il, d’accabler son peuple ; mais, dans le fond, c’est qu’il craint lui-même que les clochers ne brisent son île. En ce cas, les philosophes croient que l’aimant ne pourrait plus la soutenir désormais, et qu’elle tomberait.


CHAPITRE IV.

L’auteur quitte l’île de Laputa, et est conduit aux Balnibarbes. — Son arrivée à la capitale. — Description de cette ville et des environs. — Il est reçu avec bonté par un grand seigneur.

Quoique je ne puisse pas dire que je fusse maltraité dans cette île, il est vrai cependant que je m’y crus négligé et tant soit peu méprisé. Le prince et le peuple n’y étaient curieux que de mathématiques et de musique : j’étais en ce genre fort au-dessous d’eux, et ils me rendaient justice en faisant peu de cas de moi.

D’un autre côté, après avoir vu toutes les curiosités de l’île, j’avais une forte envie d’en sor-