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Page:Swift - Gulliver, traduction Desfontaines, 1832.djvu/258

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sonne aussi n’aurait l’effronterie de se les attribuer à lui-même.

On devait pareillement taxer les dames à proportion de leur beauté, de leurs agrémens et de leur bonne grâce, suivant leur propre estimation, comme on faisait à l’égard des hommes ; mais, pour la fidélité, la sincérité, le bon sens, et le bon naturel des femmes, comme elles ne s’en piquent point, cela ne devait rien payer du tout, parce que tout ce qu’on en pourrait retirer ne suffirait pas pour les frais du recouvrement.

Afin de retenir les sénateurs dans l’intérêt de la couronne, un autre académicien politique était d’avis qu’il fallait que le prince fît tous les grands emplois à la rafle, de façon cependant que chaque sénateur, avant que de jouer, fît serment et donnât caution qu’il opinerait ensuite selon les intentions de la cour, soit qu’il gagnât ou non ; mais que les perdants auraient ensuite le droit de jouer dès qu’il y aurait quelque emploi vacant. Ils seraient ainsi toujours pleins d’espérance, ils ne se plaindraient point des fausses promesses qu’on leur aurait données, et ne s’en prendraient qu’à la fortune, dont les épaules sont toujours plus fortes que celles du ministère.

Un autre académicien me fit voir un écrit