Page:Swift - Gulliver, traduction Desfontaines, 1832.djvu/45

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turé que c’est ou quelque animal inconnu, ou la divinité qu’il adore ; mais nous penchons plus du côté de la dernière opinion, parce qu’il nous a assuré (si nous l’avons bien entendu, car il s’exprimait fort imparfaitement) qu’il faisait rarement aucune chose sans l’avoir consultée ; il l’appelait son oracle, et disait qu’elle désignait le temps pour chaque action de sa vie. Du gousset gauche il tira un filet presque assez large pour servir à un pêcheur, mais qui s’ouvrait et se refermait ; nous avons trouvé au dedans plusieurs pièces massives d’un métal jaune : si c’est du véritable or, il faut qu’elles soient d’une valeur inestimable.

« Ainsi, ayant, par obéissance aux ordres de votre majesté, fouillé exactement toutes ses poches, nous avons observé une ceinture autour de son corps, faite de la peau de quelque animal prodigieux, à laquelle, du côté gauche, pendait une épée de la longueur de six hommes ; et, du côté droit, une bourse ou poche partagée en deux cellules, chacune étant capable de contenir trois sujets de votre majesté. Dans une de ces cellules, il y avait plusieurs globes ou balles d’un métal très-pesant, environ de la grosseur de notre tête, et qui exigeait une main très-forte pour les lever ; l’autre cellule contenait un amas de certaines graines noires, mais peu grosses et