Page:Swift - Le Conte du tonneau - tome 1 - Scheurleer 1732.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
77
DU TONNEAU.

tre fameux Dryden s’eſt hazardé même d’aller plus loin, en faiſant tous ſes efforts, pour introduire l’uſage de donner au même Livre pluſieurs Parains[1].

C’eſt une pitié, que cette belle invention n’ait pas été mieux ſoutenuë par une imitation exacte, autoriſée par un exemple de cette force : j’ai fait de mon mieux, quant à moi, pour donner la vogue à cette mode ; mais, je ne ſongeois pas alors, qu’il y a une malheureuſe dépenſe attachée à l’honneur de procurer des Parains à ſes Enfans, dépenſe dont on tire d’ordinaire de forts maigres revenus. La raiſon m’en eſt abſolument cachée : tout ce que je puis dire, c’eſt que, dans le cas dont il s’agit ici, j’ai perdu & mes frais & la gloire que je voulois m’acquerir par ce moïen. J’avois emploïé des meditations, & des efforts d’eſprit prodigieux, pour couper le Traité ſuivant en quarante Sections ; mais, aïant ſupplié autant de Lords de ma connoiſſance d’en vouloir bien être les Parains, ils s’en ſont excuſez tous, en m’envoïant dire, qu’ils s’en faiſoient un cas de Conſcience.

  1. Il dedioit un même livre à pluſieurs grands Seigneurs.