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LE CONTE

de la Lune[1]. Si le Patient qu’il falloit arroſer étoit une Maiſon, elle étoit par cette operation en ſureté contre les rats, les belettes, & les arragnées. Si c’étoit un chien, il étoit garanti de la gale, de la rage, & de la faim. Elle delivroit auſſi ſans faute les Enfans des poux & de la rogne.

Mais, de toutes les pieces que Pierre poſſedoit, celles, qu’il eſtimoit le plus, étoit une certaine race de Taureaux, deſcendus en ligne droite de ceux, qui garderent jadis la Toiſon d’Or[2]. Il eſt vrai que certaines gens, qui les avoient examinez avec attention, prétendoient, que quelque ſang roturier devoit s’être gliſſé furtivement dans les veines de ces animaux, parce qu’ils avoient fort de-

  1. Il faut être bien lunatique, en effet, pour donner dans des ſottiſes pareilles.
  2. L’Auteur parle dans cet Article des Bulles du Pape. On pourroit s’étonner qu’il les deſigne par l’emblême des Taureaux ; mais, outre que la ſingularité affectée de ſa maniere d’écrire ſuffit pour rendre pardonnable une figure ſi peu uſitée, le Lecteur l’aprouvera ſans doute, quand il ſaura qu’en Anglois le mot Bull ſignifie une bulle & un Taureau. Je n’ai pas eu l’eſprit aſſez inventif, pour trouver en François quelque choſe d’équivalent.