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LE CONTE

afreuſes dans leſquelles Pierre les avoit engagez.

Leur Pere leur avoit laiſſé à tous trois ſon héritage à portions égales, avec un ordre poſitif, que tout ce qu’ils gagneroient ſeroit en commun. Autoriſez par-là, ils enfoncerent la porte de la Cave, & en tirerent un peu de vin, pour s’égaïer le cœur & pour rétablir leur eſtomac.

En copiant le Teſtament de leur Pere, ils y avoient remarqué un Article formel, contre la paillardiſe, & contre le divorce ; c’eſt pourquoi, leur prémier ſoin fut de faire revenir leurs Femmes, & de chaſſer leurs Concubines.

Pendant qu’ils étoient dans toutes ces occupations, certain Solliciteur de Procès entra dans la maiſon, dans le deſſein de demander à Mylord Pierre un acte de pardon pour un Voleur, qui devoit être pendu le lendemain.

Les deux Freres lui dirent qu’il étoit un grand fat de vouloir obtenir un pareil acte d’un faquin, qui méritoit la potence lui-même : ils lui dévelopérent toutte l’Impoſture, de la maniere que je l’ai déduite ci-deſſus, & lui conſeil-