Page:Swift - Le Conte du tonneau - tome 1 - Scheurleer 1732.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
LE CONTE

gent ; car, les autres étoient tombées peu à peu.

Voilà cette particularité importante, dont j’avois oublié de parler dans ſon veritable lieu. Mais, le malheur n’eſt pas grand : elle vient ici comme de cire ; puiſque je vais parler de la Reforme, que nos deux Avanturiers tachérent de donner à leurs habillemens, après avoir ſecoué le joug de Mylord Pierre.

Ils s’appliquerent unanimement à cet Ouvrage, en jettant les yeux, tantôt ſur leurs Habits, & tantôt ſur le Teſtament. Martin y mit la main le premier. D’un ſeul coup, il abatit toute une poignée d’éguillettes[1], & d’un autre il arracha plus

  1. Par ces Eguillettes ferrées d’argent, que Tailleur avoit attachez à l’habit d’un double point, & dont Martin arrache une poignée au grand détriment de ſon pauvre Juſtaucorps, je ne doute point qu’il ne faille entendre les grandes Charges de l’Egliſe Romaine, qui ſont ſi lucratives, & qui donnent tant d’attachement & de tendreſſe pour cette Egliſe à ceux, qui poſſedent ces Charges, & qui croyent être en droit d’y prétendre. Luther, après avoir aboli le trafic des Indulgences avec beaucoup de ſuccès, bannit auſſi de la Religion le Pontificat ſuprême, & le Cardinalat ; mais, ſa premiere chaleur étant paſſée, & voiant que toucher aux autres Dignitez Eccleſiaſtiques