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Page:Swift - Le Conte du tonneau - tome 1 - Scheurleer 1732.djvu/211

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DU TONNEAU.

rager mon Génie à de nouveaux efforts.

Frere Jean, plein comme un œuf de cette merveilleuſe compoſition nommée Zêle, ſongeant avec fureur à la tyrannie de Pierre, & pouſſé à bout par le Flegme de Martin, s’animoit lui-même à faire le Diable à quatre. Comment ! diſoit-il : un Maraut qui nous a laiſſez mourir de ſoif, qui a chaſſé nos Femmes à grands coups de pied dans le ventre, qui nous a voulu faire paſſer ſes maudites croutes de pain noir pour du mouton ! Un fourbe, qui nous a fraudé de notre héritage ! Un coquin, d’ailleurs, dont tout le monde connoit la Scelerateſſe ! Et je ſerois aſſez lache, pour ſuivre encore ſes abominables modes ! J’aimerois mieux qu’il fut pendu, le double chien.

Aïant de cette maniere enflammé ſa bile au plus haut degré, & par conſequent ſe trouvant dans une charmante humeur pour commencer une Réformation, il mit la main à l’œuvre ; &, en trois minutes, il depêcha plus d’ouvrage, que Martin n’avoit fait dans un jour entier. Le Lecteur benevole ſaura, s’il lui plait, qu’on ne peut jamais rendre un plus grand ſervice au Zêle, que quand