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A MYLORD SOMMERS.

commencé à extraire d’une centaine d’Epitres Dédicatoires une Quinteſſence de louanges appliquables à Votre Grandeur, quand je fus arrêté par un accident imprevu. En jettant par hazard les yeux ſur la couverture de ces Ecrits, j’y trouvai en grandes lettres les mots ſuivans, Detur digniſſimo ; & je les ſoupçonnai auſſi-tôt d’enveloper un ſens digne d’attention.

Il arriva par hazard, qu’aucun des Auteurs que j’emploïe n’entendît le Latin, quoique je les aïe païez ſouvent pour la traduction de livres écrits en cette langue. Je fus donc obligé d’avoir recours au Curé de ma Paroiſſe, qui traduiſit ces mots ainſi, que ceci ſoit donné au plus digne ; & ſon commentaire me fit comprendre, que l’intention de l’Auteur étoit que cet Ouvrage fut dedié au Genie le plus ſublime du ſiecle pour l’eſprit, le ſavoir, le jugement, l’Eloquence, & la Sageſſe.

Là-deſſus, je donne un coup de pied pour aller trouver un Poëte, qui travaille pour ma boutique, & qui demeure dans un cu-de-ſac proche de ma maiſon. Je lui montre la verſion Angloiſe des mots en queſtion, & je le prie de me