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A MYLORD SOMMERS.

tion de mon Auteur ; j’avouë ingénûment, que je les dois à une Maxime que j’ai retenuë, & qui dit que celui, à qui tout le monde aſſigne la ſéconde place du mérite, a un titre inconteſtable pour occuper la premiere.

Conformement à cette verité, mes viſites me perſuadérent que Votre Grandeur étoit la perſonne que je cherchois ; & auſſi-tôt j’emploïai mes beaux-eſprits à raſſembler des idées & des ingrediens propres à entrer dans le Panegyrique de vos vertus.

Deux jours après, ils m’apportèrent dix feuilles de papier remplies de tous côtez ; & ils me jurérent, qu’ils avoient ſaccagé tout ce qu’on peut trouver de beau dans les caracteres de Socrate, d’Ariſtide, d’Epaminondas, de Caton, de Ciceron, d’Atticus, & d’autres grands Noms difficiles à retenir. Je croi pourtant que ce ſont des fourbes, qui en impoſoient à mon ignorance car, quand je me mis à examiner leurs collections, je n’y vis rien que moi & tout autre ne fuſſions auſſi bien qu’eux : ce qui me fit croire, qu’au lieu de piller les anciens, mes drolles n’ont fait que copier ce que les modernes diſent unanimement ſur votre