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Page:Swift - Le Conte du tonneau - tome 2 - Scheurleer 1732.djvu/118

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Bataille

nutes, il ſe gliſſerent, ſans être vûs, dans les Galeries, & ſe préparérent à executer les commandemens du Souverain du haut Olympe.

Momus, ſaiſi d’aprehenſion, & ſe rapellant dans l’eſprit une ancienne Prophetie, qui ne prognoſtiquoit rien de bon à ſes chers Enfans les Modernes, dirigea ſon vol vers le ſéjour d’une Divinité maligne apellée Critique. Elle a ſon Palais dans la Nouvelle Zemble, au haut d’une Montagne couverte de Neges éternelles. Il la trouva étenduë dans ſa Caverne, ſur les dépouilles d’un nombre infini de volumes à moitié devorez. A ſa droite étoit aſſis le Dieu de l’Ignorance, ſon Pere, & en même tems ſon Epoux, aveuglé par l’age. Elle avoit à ſa gauche l’Orgueil ſa Mere, qui ornoit la tête de ſa Fille d’une coeffure de papier qu’elle avoit déchiré elle-même. Près d’elle étoit ſa Sœur l’Opinion au pied leger : elle a les yeux bandez, la tête dure, & peſante ; & cependant elle eſt pleine de vivacité, & dans un mouvement perpetuel.

Il vit badiner autour d’elle ſes Enfans, le bruit & l’impudence, la ſtupidité & la vanité, la déciſion, la pedanterie,