Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/127

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puis, je ne suis point en état, par ma propre expérience, de vous donner les instructions que vous désirez, et je ne proclamerai pas (car j’aime à cacher mes passions) combien je regrette d’avoir négligé la poésie à cette époque de ma vie où j’avais le plus de chances de faire des progrès dans cette brillante partie de l’éducation : d’ailleurs mon âge et mes infirmités m’excuseraient suffisamment à vos yeux de ne pouvoir être votre maître d’écriture, avec une main tremblante et des lunettes sur le nez. Cependant, afin de ne pas vous faire entièrement défaut dans une affaire de cette importance pour votre réputation et votre bonheur, je vais vous offrir ici quelques pensées détachées sur ce sujet, telles que je les ai recueillies en lisant et en observant.

Il est certain petit instrument, le premier de ceux en usage parmi les écoliers, et le moindre, à en considérer les matériaux, que ce soit un chalumeau de paille (l’ancienne flûte arcadienne), ou juste trois pouces de mince fil de métal, ou une plume ébarbée, ou une grosse épingle. De plus, ce tout petit instrument, pour ce qui est de sa posture, repose ordinairement sa tête sur le pouce de la main droite, soutient l’index sur sa poitrine, et est lui-même supporté par le second doigt. C’est ce qu’on appelle une touche ; je veux bien être ici, pour vous, ce petit guide élémentaire, et vous indiquer quelques particularités qui peuvent vous être utiles dans votre abécédaire de poésie.