Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

elles voulaient signifier à toutes les compagnies qu’elles ne sont plus filles, et par conséquent que tout leur maintien, avant d’avoir un mari, n’était qu’une contenance et une contrainte qu’elles s’imposaient ; tandis que si on recueillait les voix des gens sensés, une très-grande majorité, je suppose, serait en faveur de ces dames qui, après être entrées dans cet état, aiment mieux redoubler de modestie et de réserve.

Je dois également vous prémunir fortement contre toute espèce de démonstration de tendresse envers votre mari devant n’importe quels témoins, même devant vos plus proches parents, ou vos propres femmes de chambre. Ces manières sont si excessivement odieuses et dégoûtantes pour tous ceux qui ont du savoir-vivre ou du bon sens, qu’ils leur assignent deux motifs fort peu aimables : l’un est une grossière hypocrisie, et l’autre a un trop vilain nom pour le prononcer. S’il est quelque différence à faire, votre mari est le dernier de la compagnie, soit chez vous, soit chez les autres, et tout individu présent a plus de droits à toutes vos marques de civilité et de distinction. Cachez votre estime et votre amour dans votre sein, et réservez vos mines et vos paroles affectueuses pour les heures de tête-à-tête, qui sont si nombreuses chaque jour qu’elles suffiront parfaitement à une passion aussi exaltée qu’on en ait jamais décrit dans un roman français.

Pendant que je suis sur ce chapitre, je vous con-