Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

faim, de saleté et de vermine, aussi vite qu’on peut raisonnablement s’y attendre. Et quant aux jeunes journaliers, leur état aujourd’hui donne presque autant d’espérance : ils ne trouvent pas d’ouvrage et par conséquent dépérissent faute de nourriture, à un degré tel que si, par hasard, on leur confie le plus simple travail, ils n’ont pas la force de le faire ; et ainsi le pays et eux-mêmes sont heureusement délivrés des maux à venir.

Cette digression est trop longue, et je reviens à mon sujet. Je crois que les avantages de ma proposition sont évidents et nombreux, ainsi que de la plus haute importance.

Premièrement, comme je l’ai déjà fait observer, elle diminuerait considérablement le nombre des papistes dont nous sommes inondés tous les ans, car ce sont les plus grands faiseurs d’enfants de la nation, aussi bien que ses plus dangereux ennemis ; et s’ils restent au pays, c’est afin de livrer le royaume au Prétendant, espérant profiter de l’absence de tant de bons protestants, qui ont mieux aimé s’expatrier que de rester chez eux et de payer la dîme à un curé épiscopal contre leur conscience.

Deuxièmement. Les plus pauvres tenanciers auront quelque chose à eux que la justice pourra saisir et affecter au payement de la rente de leur propriétaire, leur blé et leur bétail étant déjà saisis et l’argent une chose inconnue.

Troisièmement. Attendu que l’entretien de cent