Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/229

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cher sa rougeur, feignant d’éternuer ou de prendre du tabac, ou d’être forcé de partir par une affaire subite, alors observez-le de près, regardez-le dans les yeux, voyez si son langage est contraint ou affecté, puis attaquez-le soudain, ou parlez bas et souriez, et vous aurez bientôt découvert s’il est coupable. Quoique j’aie l’air de m’écarter de mon sujet, je ne crois pas le faire ; car je me trompe fort si je ne connais pas le véritable auteur des prédictions de Bickerstaff, et si je ne l’ai pas rencontré il y a quelques jours dans un café de Covent Garden.

Quant à ce qui est des prédictions elles-mêmes, je n’entrerai pas dans leur examen ; mais je crois qu’il importe fort au savant M. Partridge de les prendre en considération, et de mettre sur le compte de M. Bickerstaff autant d’erreurs d’astrologie que possible. Il est en droit, je pense, de sommer le squire de publier le calcul qu’il a fait de la nativité de Partridge, et sur la foi duquel il annonce si positivement l’époque et le genre de sa mort ; et M. Bickerstaff ne saurait moins faire, en honneur, que de fournir à M. Partridge le même avantage de calculer la sienne, en lui envoyant la note de l’époque et du lieu de sa naissance, avec les autres particularités nécessaires pour un tel travail. Par suite de quoi, sans aucun doute, le monde savant s’engagera dans la dispute, et prendra parti de côté ou d’autre suivant son inclination.

Je conseillerais également à M. Partridge de demander pourquoi M. Bickerstaff n’a pas fait une