Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/233

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nouvelles de M. Partridge, le faiseur d’almanachs, dont il fut annoncé, dans les prédictions de M. Bickerstaff, publiées il y a environ un mois, qu’il mourrait le 29 courant, vers onze heures du soir, d’une fièvre chaude. Je l’avais connu un peu, lorsque j’étais employé au Trésor, parce qu’il avait l’habitude tous les ans de me faire hommage de son almanach, comme il faisait à d’autres personnes, en échange de quelque petite gratification que nous lui donnions. Je le vis accidentellement, une ou deux fois, une dizaine de jours avant sa mort, et remarquai qu’il commençait à baisser et à dépérir très-fort, quoique, à ce que j’entends dire, ses amis n’eussent pas l’air de le croire le moins du monde en danger. Il y a deux ou trois jours, il tomba malade, garda pour la première fois la chambre, et, peu d’heure après, le lit, où le docteur Case[1] et mistress Kirleus[2] furent mandés et consultés. À cette nouvelle, j’envoyai trois fois chaque jour un domestique ou un autre s’informer de sa santé, et sur les quatre heures de l’après-midi, on me rapporta qu’il n’y avait plus d’espoir ; sur quoi je me décidai à l’aller voir moi-même, moitié par commisération, et, je l’avoue, moitié par curiosité. Il me reconnut fort bien, parut surpris de ma condescendance, et me remercia autant qu’il le pouvait dans l’état où il était. Les gens qui étaient auprès de

  1. John Case eut longtemps la vogue comme médecin et comme astrologue.
  2. Mary Kirleus, veuve de John Kirleus, fils du docteur Thomas Kirleus, membre de la faculté de médecine de Londres.