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Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/262

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plus déplorable pour le public que la tendance miséricordieuse du gouvernement à nous pardonner ou à nous transporter, excepté quand nous nous vendons l’un l’autre, comme nous ne manquons jamais de faire si nous sommes sûrs d’être bien payés, et alors il peut être bon de faire grâce, en vertu de cette règle qu’il vaut mieux avoir un renard dans une ferme que trois ou quatre ; mais généralement nous trouvons moyen de revenir après avoir été transportés, et nous sommes dix fois plus coquins qu’auparavant, et beaucoup plus rusés. En outre, je sais par expérience que l’espoir d’obtenir merci quand nous sommes condamnés est toujours un grand encouragement pour nous.

Troisièmement. Rien n’est plus dangereux pour les jeunes gens désœuvrés que la compagnie de ces odieuses filles que nous fréquentons et dont cette ville est remplie : ces malheureuses nous poussent à toute espèce de méfaits pour subvenir à leurs mauvaises passions et à leurs extravagances ; elles sont dix fois plus sanguinaires et plus cruelles que les hommes ; leur avis est toujours de ne point épargner si nous sommes poursuivis ; elles se soûlent avec nous et nous les avons en commun, et pourtant, pour peu qu’elles y gagnent, elles sont sûres de nous vendre.

Or donc, aussi vrai que je suis un mourant, j’ai fait quelque chose qui peut être utile au public. J’ai laissé dans des mains honnêtes (et c’est en vérité le seul honnête homme avec lequel j’ai jamais