Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/265

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J’ai vu un pot à couvercle valant quinze livres sterling être vendu à un homme de … Street pour vingt shillings, et une montre d’or pour trente. J’ai consigné son nom, et celui de plusieurs autres, dans le papier sus-mentionné. Nous avons des compères à l’affût, au coin des rues et dans l’ombre des murs, pour nous avertir quand arrive un gentleman, particulièrement s’il est un peu pris de vin. Je crois en conscience que si on dressait le compte d’un millier de livres d’objets volés, vu le bas prix auquel nous les vendons, ce que nous devons payer aux receleurs, les extorsions du cabaret, et les autres frais nécessaires, il ne resterait pas cinquante livres net à diviser entre les voleurs. Et là-dessus nous devons trouver des vêtements pour nos maîtresses, qu’il faut en outre régaler du matin au soir, et qui, en retour, ne nous récompensent que par la trahison et la vérole. Car lorsque notre argent est parti, elles sont toujours à nous menacer de nous dénoncer si nous n’allons pas en chercher d’autre. Si quelque chose en ce monde ressemble à l’enfer tel que notre clergé nous le décrit, ce doit être l’arrière salle d’un de nos cabarets, à minuit, lorsqu’une bande de voleurs et de filles est réunie après un bon coup et commence à se soûler à partir de ce moment jusqu’à ce qu’ils aient perdu la raison : c’est un si continuel et si horrible bruit d’imprécations et de blasphèmes, un tel mélange de luxure, de sale bouffonnerie et d’actions brutales, de tels rugissements et une confusion