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Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/69

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Quand vous avez beaucoup de poulets dans le garde-manger, laissez-en la porte ouverte, par pitié pour le pauvre chat, s’il attrape bien les souris.

Si vous jugez nécessaire d’aller au marché un jour de pluie, prenez le manteau à capuchon de votre maîtresse, pour épargner vos habits.

Ayez constamment à vos ordres, dans la cuisine, trois ou quatre femmes de journée, que vous paierez à peu de frais, simplement avec les restes de viande, un peu de charbon et toutes les cendres.

Pour écarter de la cuisine les domestiques qui vous ennuient, laissez toujours la manivelle sur le tourne-broche afin qu’elle leur tombe sur la tête.

Si une morceau de suie tombe dans la soupe, et qu’il ne soit pas commode de l’en retirer, mêlez-la bien ; cela lui donnera un haut goût français.

Si votre beurre tourne en huile, ne vous en tourmentez pas et servez : l’huile est une sauce plus distinguée que le beurre.

Grattez le fond de vos marmites et de vos chaudrons avec une cuiller d’argent, de peur de leur donner un goût de cuivre.

Quand vous servez du beurre comme sauce, ayez l’économie d’y mettre moitié eau, ce qui est aussi beaucoup plus sain.

Si votre beurre, lorsqu’il est fondu, sent le cuivre, c’est la faute de votre maître, qui ne veut pas vous donner une casserole d’argent : d’ailleurs, votre beurre en durera plus longtemps, et l’étamage est très-coûteux ; si vous avez une casserole d’ar-