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Page:Swinburne - Ode à la statue de Victor Hugo, 1882, trad. Dorian.djvu/30

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22

Quel maître cependant moulera ton visage,
Reproduira la ligne austère de tes traits ?
Maître adoré ! qui donc léguera d’âge en âge
Ta face auguste à ceux qui passeront après ?
Phidias, ce labeur ne serait accessible
Qu’à toi, dieu qui créas les dieux des autres temps,
Sous l’œil du Florentin, vainqueur de l’impossible,
Dont le bras dans le marbre enchaînait les Titans.

23

Chéroubime de l’Art, tenant au poing le glaive,
Michel-Ange, terrible esprit, debout au seuil
Du dernier jugement, ç’eût été là le rêve
De tes quatre-vingts ans de révolte et d’orgueil ;
C’est toi qui sculpterais à la face des mondes
Cette bouche d’où sort la formidable voix
Qui tonne sur le mal et ses forces immondes,
Relève les petits et terrasse les rois.