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9g COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

derait pas à faire la guerre, et exhortait sans cesse le gouvernement français à montrer de l’énergie, ce qui était, selon lui, le plus sûr moyen de conserver la paix.

Comme on peut le penser, ces assurances sonnaient fort agréablement aux oreilles des ministres français. Lebrun défendit à tous les autres agents d’entrer en négociation avec Pitt, et déclara à celui-ci que les communications faites par l’Angleterre à la République ne devaient avoir lieu que par l’intermédiaire de Chauvelin. Toutes les idées pacifiques exprimées par Pitt furent considérées à Paris comme des indices de faiblesse et de crainte; on résolut, en conséquence, de redoubler de fermeté, d’intimider les ministres anglais par des menaces toujours plus violentes et de les détourner ainsi de toute idée d’intervention dans la politique :continentale. Chauvelin remit au cabinet de Londres, le 27 décembre 1792, une note dans laquelle, après avoir pesé tous les griefs de l’Angleterre contre la France, tels que le décret du 19 novembre, la libre navigation de l’Escaut, les menaces faites à la Hollande, il déclarait que ce dernier État n’avait rien à craindre; mais que, quant aux autres points, c’étaient des faits accomplis, et qu’il fallait maintenant que l’Angleterre mît fin à des hésitations indignes d’elle et déclarât si elle voulait faire la guerre pour des motifs aussi insignifiants. Pour donner plus de force a l’impression que cette note était destinée à produire, le ministre de la marine fit paraître le 30 une circulaire adressée à tous les Jacobins des puissances maritimes, dans laquelle il annonçait que, si le roi George voulait la guerre, on ferait une descente dans son royaume, on y jetterait cinquante mille bonnets de la liberté, et l’on établirait sur les débris de son trône le pouvoir des républicains anglais. Le lendemain, la Convention décida la formation d’un comité de défense générale et fit ouvertement allusion à la guerre anglaise, « que nous ne craignons pas, dit le rapporteur, car nos barques de pêcheurs sont prêtes à conduire de l’autre côté de la Manche cent mille hommes qui termineront la lutte sur les ruines de la Tour de Londres )). Lebrun donna à cette époque à Genet, envoyé comme ambassadeur dans l’Amérique du Nord, des instructions rédigées dans le même esprit. Ces instructions contenaient l’ordre de négocier une alliance de laquelle seraient exclues, comme châtiment, les