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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/103

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COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE, 99

puissances qui aspiraient à exercer un monopole de commerce. « La France, était-il ajouté, avait surtout un intérêt particulier à se protéger contre l’Angleterre et contre l’Espagne. t Telle était donc la situation à Paris Lien qu’ils ne désirassent -pas précisément la guerre avec la Grande-Bretagne, les ministres français voulaient garder la Belgique et l’Escaut, et essayaient d’intimider l’Angleterre à force d’audace. Malheureusement cet espoir s’accordait peu avec l’état réel des affaires. Pitt était bien éloigné de vouloir la guerre et ne songeait nullement à entreprendre une expédition vengeresse contre les meurtriers de septembre; il restait, au contraire, encore plus fidèle à son programme de paix que ne le supposait Lebrun; mais sa condescendance avait des bornes, et cet homme ferme, austère et conséquent avec lui-même, était complétement inaccessible à l’intimidation. Les menaces de Chauvelin, qui lui montraient la possibilité d’une guerre prochaine, n’eurent d’autre effet que de l’engager à augmenter, pour cette éventualité, les moyens de défense de son pays, et à demander à l’Espagne si elle se déciderait à faire, en cas de guerre, cause commune avec l’Angleterre. Mais le libéral Aranda avait été, depuis le 15 novembre, remplacé à Madrid au gouvernail des affaires par le favori de la reine, l’ancien garde du corps Godoï, récemment nommé duc d’Alcudia. Celui-ci, moitié par crainte des armes françaises, moitié dans l’espoir de pouvoir arriver à sauver Louis XVI, avait offert le 15 décembre au gouvernement français de rester neutre et de désarmer; il rejeta donc la proposition d’une alliance avec l’Angleterre.

Une ouverture faite à cette époque par l’ambassadeur d’Autriche à Londres, au sujet du. partage de la Pologne et de l’échange bavarois, contribua plus encore que cet échec à augmenter les désirs de paix de l’Angleterre. Ces deux projets, surtout celui du partage de la Pologne, semblaient à Pitt funestes à l’Europe et aux intérêts de son pays. Mais pour que l’Angleterre pûts’y opposer avec succès, il fallait que ses forces fussent libres et non engagées dans une grande guerre. Pitt se hâta donc de faire de tous côtés les démarches les plus pressantes en faveur de la paix européenne. Il fit entrevoir à l’Autriche la perspective de l’appui de l’Angleterre pour l’échange bavarois, si elle voulait, par son