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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/114

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110 COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

force contre l’acte inique qui venait de ~’accomplir en France, et la guerre contre les régicides devint, à partir de ce moment, populaire en Angleterre. Néanmoins, à l’arrivée de Maret, Pitt se calma et déclara dès le premier entretien qu’il était toujours disposé à traiter avec la France. Dans le même moment, on reçut de la Haye la nouvelle que des communications analogues -avaient été faites par deMaulde. Auckland avait expédié successivement trois courriers dans la même nuit, et était convenu avec de Maulde que les conférences avec Dumouriez s’ouvriraient immédiatement au Moerdyk. Le roi George lui-même, malgré toute sa haine contre les Jacobins, ne voulait, par un religieux sentiment de devoir, négliger aucune démarche en faveur de la paix; bref, de Maulde revint le 3 février, le cœur plein d’espoir, trouver Dumouriez au quartier général français. Le général le reçut les larmes aux yeux. « L’avenir appréciera, lui dit-il, le miracle que vous venez de faire, mais le présent ne l’accepte pas j’ai ordre de commencer la guerre. »

Cette décision avait été prise à Paris aussitôt après le départ de Dumouriez. Il y avait de bonnes raisons pour que Lebrun ne donnât pas d’instructions à Maret; toute autre considération disparaissait devant la certitude que l’Angleterre s’opposerait à l’incorporation de la Belgique, et que le peuple parisien ne renoncerait pas, au moment de sa victoire, à un projet qui lui était si cher. Peut-être cependant eût-on laissé agir Dumouriez si Pitt n’avait pàs renvoyé Chauvelin; mais les ministres français virent dans ce renvoi une preuve que l’Angleterre se considérait déjà en état d’hostilité, et les Jacobins s’irritèrent de ce que l’Angleterre osât, par la rupture des relations diplomatiques, infliger un blâme au meurtre du roi, qui était à leurs yeux leur plus glorieuse action. Lorsque Chauvelin arriva à Paris, le 29 février, ses récits augmentèrent encore le mécontentement. Le Conseil des ministres convoqua immédiatement le comité diplomatique de la Convention, et la majorité, s’imaginant que la guerre était chose décidée en Angleterre, regarda comme un point d’honneur de devancer ses adversaires par une déclaration formelle. Il fut décidé qu’un rapport serait présenté à la Convention, et avant même qu’on en eût connaissance, comme personne ne doutait de son contenu, l’ordre fut donné de toutes